Pourquoi ne pas réaménager les voies existantes ?
Ce qu'ils disent :
« De nombreuses études ont été réalisées sur les possibilités de modernisation de la ligne existante entre Bordeaux et Toulouse. ». Curieusement aucune donnée n’est avancée sur Bordeaux-Espagne.
Vérifions les faits.
Sur Bordeaux-Espagne
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Aucune étude sérieuse documentée n’a été réalisée par RFF, aujourd’hui SNCF Réseau ! Le seul document que produit la Région est une synthèse actualisée d’une modernisation de la ligne existante Bordeaux-Hendaye sur deux pages. Cette étude plus que sommaire reprend presque au mot près, une étude de 2017 de « même densité » avec une actualisation du coût global, toujours.
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La commission d’enquête publique dénonçait des « alternatives à la grande vitesse insuffisamment explorées » et ajoutait :
« Affirmer que l'aménagement des voies existantes pour des vitesses de l'ordre de 200 km/heure serait aussi coûteux que la construction de la ligne nouvelle ne semble pas crédible. » (Source : Conclusions et avis de la commission d’enquête GPSO/LN, p14)
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Une telle affirmation est en contradiction avec les recommandations et les constatations :
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De la Cour européenne de comptes :
« L’évaluation des besoins réels au sein des Etats membres est de faible qualité et la solution alternative, qui consisterait à aménager les lignes conventionnelles existantes, est rarement prise dûment en considération, alors qu’elle pourrait permettre de réaliser des économies non négligeables.» (Source : Rapport spécial 2018 : « Réseau ferroviaire à grande vitesse européen fragmenté et inefficace, il est loin d’être une réalité. » page 9)
Du Conseil d’Orientation des Infrastructures (COI) :
« L’opportunité d’une nouvelle ligne Bordeaux-Dax doit être réinterrogée à plus longue échéance. Il semble en effet au Conseil que moyennant des travaux de relèvement de vitesse sur la ligne classique, il est possible d’obtenir quasiment les mêmes bénéfices qu’une ligne nouvelle à un coût bien moindre. » (Source : Rapport 2018 du COI, page 80)
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Sur Bordeaux-Toulouse
Les élus du Lot-et-Garonne ont financé en 2010-2011 une étude réalisée par le cabinet CERCL. Les conclusions sont sans ambigüité, il est possible de reconditionner et de moderniser la ligne actuelle. (Source : Analyse comparative des options de modernisation des dessertes ferroviaires sur le tronçon Bordeaux – Toulouse (Première partie - Version 1.4). CERCL. Décembre 2011.)
La vitesse actuelle de 126 km/h pourrait passer à 170 km/h de moyenne avec des pointes en fonction de tronçon à 180, 200 et 220 km/h (aménagement de courbes et suppression de passages à niveaux.(Source : Document SNCF/SETEC aménagement de la ligne existante Bordeaux/Toulouse, note de synthèse juillet 2015.)- Cette alternative ferait gagner 22 minutes entre Bordeaux et Toulouse, soit un temps de parcours de 1 h 41’.
- Le coût serait d’environ 3 milliards d’euros. Les bases d’estimation du coût sont les suivantes :
- Etude SNCF Réseau de 2014
- Etude CERCL (Claraco) de 2011
- Rapport d'expertise Groupe EPFL-LITEP Doc. LITEP 259/2015.1 juillet 2015
- L’augmentation de la capacité sur Bordeaux/Hourcade (1 voie)
- La mise à 4 voies au sud de Saint-Jory
- L’aménagement des gares d’Agen et de Montauban
- La généralisation du système de signalisation BAL avec passage du BARP en BAL pour la section Langon/Montauban
- La reprise de courbes (4 entre Bordeaux et Agen et 2 entre Montauban et Toulouse)
- La vérification de l’alimentation électrique
- La suppression des passages à niveau
- La clôture de l’installation
- L’insonorisation des traversées des zones urbanisées
En juin 2014, l’Etat a demandé à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPF) de donner son avis sur l’étude CLERC ainsi que sur les études de SNCF Réseau. Toulouse. (Source : Expertise des études menées jusqu'en 2014 sur la ligne Bordeaux - Toulouse. Dr Pan. Tzieropoulos. Juillet 2015.)
L’EPFL, sans se déplacer sur place, confirme la faisabilité du réaménagement des lignes actuelles et de l’étude Claraco, comme alternative à la LGV Bordeaux-Toulouse.
Elle donne le choix aux décideurs entre « une requalification de la ligne actuelle pour un montant de 3,4 Md€ pour un gain de temps de 19 à 20 minutes » et « construire une ligne nouvelle à grande vitesse de 5,7 Md€ avec un gain de temps de 49 à 56 minutes » (en page 3 de la synthèse du rapport sus-mentionné.)
Les experts concluent sans faire de choix ni de préconisation : « C’est un choix éminemment politique et les experts déborderaient abusivement de leur rôle s’ils tentaient de proposer l’un ou l’autre parmi ces 2 choix » (page 1 du rapport sus-mentionné).