Pourquoi ne pas réaménager les voies existantes ?

Publié le 18 octobre 2023

Ce qu'ils disent :

« De nombreuses études ont été réalisées sur les possibilités de modernisation de la ligne existante entre Bordeaux et Toulouse. ». Curieusement aucune donnée n’est avancée sur Bordeaux-Espagne.

Vérifions les faits.

Sur Bordeaux-Espagne

  • Aucune étude sérieuse documentée n’a été réalisée par RFF, aujourd’hui SNCF Réseau ! Le seul document que produit la Région est une synthèse actualisée d’une modernisation de la ligne existante Bordeaux-Hendaye sur deux pages. Cette étude plus que sommaire reprend presque au mot près, une étude de 2017 de « même densité » avec une actualisation du coût global, toujours.

  • La commission d’enquête publique dénonçait des « alternatives à la grande vitesse insuffisamment explorées » et ajoutait :

    « Affirmer que l'aménagement des voies existantes pour des vitesses de l'ordre de 200 km/heure serait aussi coûteux que la construction de la ligne nouvelle ne semble pas crédible. » (Source : Conclusions et avis de la commission d’enquête GPSO/LN, p14)

  • Une telle affirmation est en contradiction avec les recommandations et les constatations :

Sur Bordeaux-Toulouse

  • Les élus du Lot-et-Garonne ont financé en 2010-2011 une étude réalisée par le cabinet CERCL. Les conclusions sont sans ambigüité, il est possible de reconditionner et de moderniser la ligne actuelle. (Source : Analyse comparative des options de modernisation des dessertes ferroviaires sur le tronçon Bordeaux – Toulouse (Première partie - Version 1.4). CERCL. Décembre 2011.)
    La vitesse actuelle de 126 km/h pourrait passer à 170 km/h de moyenne avec des pointes en fonction de tronçon à 180, 200 et 220 km/h (aménagement de courbes et suppression de passages à niveaux.(Source : Document SNCF/SETEC aménagement de la ligne existante Bordeaux/Toulouse, note de synthèse juillet 2015.)

  • Cette alternative ferait gagner 22 minutes entre Bordeaux et Toulouse, soit un temps de parcours de 1 h 41’.
  • Le coût serait d’environ 3 milliards d’euros. Les bases d’estimation du coût sont les suivantes :
    • Etude SNCF Réseau de 2014
    • Etude CERCL (Claraco) de 2011
    • Rapport d'expertise Groupe EPFL-LITEP Doc. LITEP 259/2015.1 juillet 2015
    Sont compris dans ce chiffrage :
    • L’augmentation de la capacité sur Bordeaux/Hourcade (1 voie)
    • La mise à 4 voies au sud de Saint-Jory
    • L’aménagement des gares d’Agen et de Montauban
    • La généralisation du système de signalisation BAL avec passage du BARP en BAL pour la section Langon/Montauban
    • La reprise de courbes (4 entre Bordeaux et Agen et 2 entre Montauban et Toulouse)
    • La vérification de l’alimentation électrique
    • La suppression des passages à niveau
    • La clôture de l’installation
    • L’insonorisation des traversées des zones urbanisées


  • En juin 2014, l’Etat a demandé à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPF) de donner son avis sur l’étude CLERC ainsi que sur les études de SNCF Réseau. Toulouse. (Source : Expertise des études menées jusqu'en 2014 sur la ligne Bordeaux - Toulouse. Dr Pan. Tzieropoulos. Juillet 2015.)
    L’EPFL, sans se déplacer sur place, confirme la faisabilité du réaménagement des lignes actuelles et de l’étude Claraco, comme alternative à la LGV Bordeaux-Toulouse.
    Elle donne le choix aux décideurs entre « une requalification de la ligne actuelle pour un montant de 3,4 Md€ pour un gain de temps de 19 à 20 minutes » et « construire une ligne nouvelle à grande vitesse de 5,7 Md€ avec un gain de temps de 49 à 56 minutes  » (en page 3 de la synthèse du rapport sus-mentionné.)
    Les experts concluent sans faire de choix ni de préconisation : « C’est un choix éminemment politique et les experts déborderaient abusivement de leur rôle s’ils tentaient de proposer l’un ou l’autre parmi ces 2 choix » (page 1 du rapport sus-mentionné).