Mobilité pour tous

Les lignes à grande vitesse favoriseraient le développement des trains du quotidien et génèreraient de nouveaux services ferroviaires tels les services régionaux à grande vitesse et RER métropolitains.

Page internet de France 3 Bretagne, nommé LGV : une campagne d'attractivité lancée pour donner envie de venir en Bretagne

Une réussite commerciale fictive

Dans son étude « Engagements climatiques et mobilités : à la recherche du bien commun », rédigée pour le laboratoire d’idées TDIE (transports, développement intermodalité, environnement) et présentée mi-janvier 2023 à la presse, Yves Crozet décortique le concept de « rendement décroissant » des grands projets d’infrastructures de transport.

L’économiste spécialiste des transports constate qu’au cours des quinze dernières années, et malgré les nouvelles lignes ferroviaires à grande vitesse (LGV Est, Sud-Europe Atlantique, Bretagne-Pays-de-la-Loire, Méditerranée), la part du train a très peu progressé – elle est passée de 10 à 11% des déplacements en France, et a cédé deux points pour le fret, reculant de 10 à 8%. C'est en ligne avec ses voisins européens, puisque le réseau de LGV a triplé en Europe, alors que le trafic a seulement doublé.

« Les nouvelles LGV et le développement des trains régionaux (TER) ont soutenu la demande après 1995, mais ce n’est plus vrai depuis 2008. Que s’est-il passé ? La croissance économique a fortement ralenti après la crise financière, puis des grèves longues au sein de la SNCF ont pénalisé le train en 2014, 2016, 2018 et 2019. » précise Yves Crozet.

Courbe du trafic et intensité du trafic ferroviaire à grand vitesse en France

La mobilité à l'heure des crises

La figure ci-contre illustre bien ce phénomène. Alors que le trafic TGV demeure élevé (courbe bleue), on assiste depuis quelques années à une baisse de l’intensité du trafic (courbe rouge en million de pkm par km de réseau). On aurait pu s’attendre à une hausse des trafics grâce à l’investissement de 15 Mds € dans les quatre LGV ouvertes en 2017. Ce n’a pas été le cas, c’est ce que les spécialistes appellent pudiquement « le rendement décroissant de la dépense publique ».

Avec cette étude, TDIE, commanditaire de l’étude, s’interroge sur l’avenir du droit à la mobilité dans le contexte du changement climatique, des impératifs de décarbonation des transports et de sobriété.

Selon l’auteur, les mobilités doivent aujourd’hui être pensées par les citoyens et les politiques comme un bien commun et non un droit individuel, qu’il faut à ce titre préserver, économiser.

Un conseil que nos grands élus régionaux feraient bien de suivre au lieu de cette fuite en avant vers le toujours plus vite.